Rien ne prédestinait Allyriane à la naturopathie. Découverte par hasard, au fil des années et des aléas de sa santé, cette discipline lui a ouvert un monde à la fois proche et éloigné de ce qu'on lui avait toujours appris. Diabétique de type 1, elle doit faire face aux variations et contrecoups à la fois physiologiques et psychologiques de cette pathologie. Grâce à la naturopathie elle a enfin trouvé un juste équilibre de vie. Aujourd’hui elle accompagne et éduque les personnes en quête de mieux être, avec ou sans diabète.
KALAE : Qu’est-ce qui vous a amené à devenir naturopathe ?
Allyriane Mazars : diagnostiquée diabètique de type 1 à l’âge de 12 ans, je souffrais des symptômes classiques : ayant trop de sucre dans le sang, j’avais tout le temps soif et envie d’uriner, j’ai perdu beaucoup de poids. J’ai eu de la chance d’être prise en charge très rapidement. A l’adolescence, bien que traitée sous insuline, ma gestion et mon hygiène de vie se sont avérés assez compliqués. Vers 20 ans, j’ai véritablement pris conscience de ma maladie, et j’ai commencé à faire vraiment attention. De fil en aiguille, je suis allée dans des extrêmes en pratiquant le sport à outrance, en m'infligeant des régimes alimentaires draconiens. Je suis même tombée dans des troubles du comportement alimentaire, je ne savais plus comment manger. Résultat, il était compliqué de réguler ma glycémie. Des symptômes de type fatigue, perte de poids, carences sont apparus. Il faut savoir qu'une hyperglycémie chronique fatigue énormément. Puis je me suis intéressée à l’alimentation, à la nutrition et j’ai découvert la naturopathie. Une vraie révélation pour moi. La crise sanitaire est passée par là, et contrainte de quitter mon emploi de consultante, j’en ai profité pour me former à cette discipline. J’ai étudié à la fois à distance et en présentiel avec les cours de BeAcadémie. J’ai aussi suivi divers stages auprès de praticiens de santé alternative. En parallèle, avec une amie, également naturopathe et diabétique de type 1, nous avons mis en place une étude dans le but de démontrer les bienfaits d’un accompagnement naturopathique sur cette pathologie. L’objectif consiste à prodiguer des conseils d’hygiène de vie à 20 personnes diabétiques de type 1, pour les aider à équilibrer la maladie. Cette étude est encadrée par des professionnels et enseignants en naturopathie et sera relue et je l’espère validée par des diabétologues. Nous en sommes à la moitié de l’étude et obtenons de bons résultats en termes de pourcentages dans la cible améliorés.
Aujourd'hui, je me suis installée à mon compte (affectionally.fr). Je ne reçois pas que des clients diabétiques en consultation, même si cela constitue ma spécialisation. Personnellement, la naturopathie m’apporte des résultats visibles en complément de mon traitement médical par injections d’insuline (Allyriane porte constamment un capteur de glycémie qui lui donne son taux de sucre et une pompe à insuline qu’elle commande et qui lui injecte automatiquement de l’insuline. Elle autorégule sa glycémie grâce à ces deux appareils). La naturopathie m’aide à équilibrer mon diabète et je vis aujourd’hui beaucoup mieux avec.
KALAE : Quelques chiffres sur le diabète ?
A.M. : Le diabète touche près d’une personne sur dix dans le monde. Il s’agit de la première maladie non contagieuse mondiale. Voici quelques chiffres et explications sur cette pathologie.
Le diabète dans le monde
- 463 millions d’adultes¹ vivent avec le diabète, soit 9,3 % de la population mondiale
- 578 millions (10,2 %) prévus en 2030, 700 millions (10,9 %) en 2045
- 645,5 milliards d’euros² sont dépensés chaque année pour le diabète dans le monde
- 700 milliards d’euros de dépenses estimées en 2030, 717 milliards en 2045
- 1 diabétique sur 2 n’est pas diagnostiqué
Le diabète en France
- 4,5 millions de personnes sont traitées pour le diabète en France
- 1 français sur 16
- 400 nouveaux cas diagnostiqués par jour
- Les dépenses de santé liées au diabète s’élèvent à 15 milliards d’euros en France en 2015¹, dont 4500€/pers. par an
Qu’est-ce que le diabète
On confond souvent plusieurs types pourtant bien distincts : le diabète de type 1 versus le diabète de type 2
- Le diabète de type 1 (10% des cas*) induit une réaction auto-immune du corps, en détruisant des cellules nécessaires à la fabrication de l’insuline, hormone essentielle à la régulation du glucose dans le sang. Un traitement médical via de l’insuline de synthèse est indispensable à la survie des personnes atteintes.
- Le diabète de type 2 (90% des cas*) est causé par des facteurs génétiques et environnementaux (surpoids, sédentarité). Ce syndrome métabolique, entraîne une résistance à l’insuline et se traduit par une hyperglycémie chronique. Il se traite par rééquilibrage alimentaire, médicaments anti-diabétiques oraux voire de l’insuline.
Il existe d’autres formes plus rares de diabète
- Gestationnel (élévation du taux de sucre dans le sang pendant la grossesse).
- MODY (Maturity-Onset Diabetes of the Young) : plusieurs variantes de ce type de diabète existent. Il se manifeste souvent avant 25 ans. Proche du type 1 ou type 2 selon les cas.
- Le “diabète lent” appelé LADA (Latent Autoimmune Diabetes in Adults) : il apparaît généralement entre 30 et 50 ans, et son traitement est similaire au diabète de type 1.
Être diabétique impacte le mental au quotidien. Gérer un diabète, c’est un peu comme résoudre chaque jour une équation à multiples inconnues. Globalement, il s’agit d’équilibrer la glycémie (taux de sucre dans le sang) en tenant compte de diverses variables (insuline, alimentation, exercice physique, stress, etc) dont les propriétés de corrélation évoluent constamment*.
KALAE : Quelle est votre approche en naturopathie ?
A.M. : Mon approche naturopathique, que ce soit pour un diabétique de type 1 ou 2, vise à améliorer la stabilité glycémique en optimisant l’hygiène de vie en général.
Nettoyage de l’organisme et baisse de l’inflammation
En cas de diabète de Type 2, on fait face à un trouble métabolique, une perturbation du fonctionnement de l’organisme, liée à l’accumulation pathologique de substances dans les cellules. Le pancréas fonctionne, mais les cellules ne captent pas ou difficilement l’insuline (l’hormone qui permet de faire passer le glucose vers les organes). Le glucose apporté par l’alimentation va alors stagner dans le sang. L'organisme a donc besoin d'être nettoyé afin d’ éliminer la toxémie accumulée et ainsi permettre une meilleure réponse à l’insuline.
En premier lieu, il faut couper tout apport de "mauvaises“ substances qui n’apportent rien à l’organisme (aliments transformés, graisses saturées etc).
Ensuite, la détox de l’organisme peut également se faire à l’aide de plantes pour soutenir le foie, aider l’intestin à se vider. Il existe plusieurs “portes de sortie” dans l’organisme appelées les émonctoires : le foie, les reins, les intestins, les poumons, la peau. En fonction de la vitalité de la personne, on peut recommander des cures de détox avec de la sève de bouleau par exemple, qui va stimuler ces fameux émonctoires et reminéraliser l’organisme.
La baisse de l’inflammation est également importante en cas de diabète, que ce soit pour le diabète de type 1 ou de type 2. S'agissant d’une maladie de type inflammatoire, tout ce qui va faire baisser l’inflammation est intéressant. Il est donc recommandé d’éliminer les aliments pro-inflammatoires (gluten, produits laitiers, alcool, café), mais également d’abaisser le niveau d’inflammation de l’organisme grâce à des plantes : le curcuma, le cassis sous forme de bourgeon par exemple.
Hygiène alimentaire
La mise en place d’une bonne hygiène de vie dans la durée est essentielle pour équilibrer le corps et la glycémie. Et cela pour tout le monde !
Pour éviter les pics glycémiques, on va privilégier les aliments à indice glycémique faible (index glycémique = la capacité de l’aliment à élever la glycémie). Par exemple, le glucose a un index glycémique de 100, c’est le plus élevé. Certains aliments, comme les légumes ou les aliments pourvus de fibres, possèdent un indice glycémique faible inférieur à 30. Leur teneur en sucre va donc passer plus lentement dans le sang. Certains féculents (quinoa, légumineuses, sarrazin) sont également considérés comme étant à IG faible. On veille également à apporter beaucoup de fibres dans son alimentation, qui vont permettre de ralentir l'absorption du sucre.
Il faut également toujours privilégier les bonnes sources de sucre. Préférer ceux qui sont les plus naturels possibles : le miel, le sirop d’érable, la poudre de dattes, le sucre de coco… dont le pouvoir sucrant est plus élevé (impression de goût sucré) pour un indice glycémique très légèrement inférieur au sucre blanc.
Exercice physique
Un autre grand axe est l’exercice physique. Lorsque l’on stimule ses muscles, on permet une meilleure utilisation de l'insuline circulante et donc du sucre. Cela va aider à se défaire de la résistance à l’insuline, et aura un effet hypoglycémiant à court, moyen et long terme, en plus de contribuer au nettoyage de l’organisme. Plus on est sportif, moins on a besoin d’insuline dans la durée. La marche est une activité physique intéressante pour les personnes qui débutent. Quelque soit l’activité physique pratiquée, il est essentiel de mettre le corps en mouvement. Les diabétiques de type 2 récemment diagnostiqués sont souvent en surpoids, il est donc important de stimuler le système cardiovasculaire. La clé consiste à augmenter l’intensité progressivement.
KALAE : Qu’est que la naturopathie apporte en plus de la médecine conventionnelle ?
A.M. : La médecine nous apprend à gérer notre traitement, comprendre le fonctionnement de la pathologie, gérer les crises d’hypo ou d'hyperglycémie. A l’hôpital, on nous explique parfaitement comment gérer les doses d’insuline, on bénéficie de conseils diététiques classiques, notamment en termes d’apprentissage d’identification et de comptage des glucides. En naturopathie, les conseils alimentaires visent davantage à optimiser l’assimilation de tous les nutriments, baisser l'inflammation, faire les bonnes associations alimentaires en fonction de notre constitution et de nos besoins personnels. Par exemple, certaines associations alimentaires (consommation de viande avec des féculents) fatiguent l’organisme, le temps de digestion s'en trouve allongé puisque que les enzymes digestives vont travailler en deux temps. L’approche est ici plus subtile et approfondie. La naturopathie va aider un diabétqiue comme un non diabétique, mais elle est d’autant plus essentielle en cas de maladie chronique. A l'hôpital, il manque souvent une prise en charge psychologique et émotionnelle.. Que cela soit concernant le rapport à la maladie, à l’alimentation par exemple, qui devient vite calcul et comptage, et donc biaisé. En naturopathie, il y a une considération globale de l’individu qui va aider à améliorer la réponse de l’organisme face à la maladie. Pour rappel, la naturopathie ne remplacera jamais le besoin d’un traitement sous insuline (en cas d’insulino-dépendance) mais améliorera la qualité de vie.
Prenez rendez-vous avec Allyriane
Sources : Rapport de l’OMS sur le diabète, 2016 ; Atlas 2019 de la International Diabetes Federation
¹ Estimation pour la population adulte mondiale âgée de 20 à 79 ans
² Estimation des dépenses de santé dues au diabète en 2019 (converti depuis USD)
* En France et dans le monde
Sources : Fédération Française des diabétiques ; Atlas 2019 IDF
Diabète Québec